L’opus signé Hwang Dong-hyeok fait son grand retour. Et une question brûle toutes les lèvres : la série peut-elle surpasser ou égaler le succès phénoménal de sa première saison ? Squid game saison 2, si elle était évitable, représente désormais un défi colossal.
Les avis, naturellement, divergent déjà. Les perfectionnistes crient à l’échec tandis que les réceptifs tempèrent. Pour ma part, j’ai laissé le temps aux uns et aux autres d’absorber le contenu et de calmer leur ardeur avant de juger.
Et voici ce que j’en pense : une saison 2 de squid game à la fois audacieuse et disparate ; Où se croisent des destins improbables – du rappeur raté au crypto-entrepreneur fauché, de l’amant perdu à la jeune mère désespérée. Une œuvre qui critique tout, du capitalisme vorace aux relations humaines fragiles, et qui table, parfois subtilement, sur le genrisme (thématique indépassable).
Mon analyse…

Squid Game 2, un défi : dépasser le succès du début
En devenant la série la plus suivie de sa plateforme de streaming, Netflix, avec 177 millions de spectateurs en un mois ; la saison I de ce phénomène cinématographique a, paradoxalement, rendu sa propre évolution plus ardue. Une question se pose : comment battre son propre record ?
C’est à cette problématique que le créateur Hwang Don g-hyuk semble s’être attelé. Mais là où il surprend avec habileté, c’est en ramenant les spectateurs, contre toute attente, dans l’arène de la mort. Alors que l’on pouvait anticiper une continuité narrative de la première saison, cette suite s’appuie sur les mêmes codes tout en renouvelant ses enjeux.
Dans cette nouvelle édition, 456 joueurs rivalisent d’ardeur, de cruauté, mais aussi, par moments, de bienveillance et de solidarité pour décrocher le butin. 45,6 millions sont en jeu. Ce qui semble au départ être une aventure ordinaire vire rapidement au drame, devenant une lutte infatigable pour la survie.
Ce come-back est, selon moi, une réussite, et ce pour plusieurs raisons :
1. La pesanteur psychologique de la saison 2 squid game
Squid Game a ce vilain défaut : il vous rend moins humain. Des actes que votre morale réprouve sans concession se retrouvent étrangement justifiés par votre propre esprit. Je me suis surpris, par exemple, à rationaliser l’acte froid d’Il-Young lorsqu’il élimine sans hésitation un trop de plus dans le Mingle. Par ailleurs, ce qui m’a véritablement ulcéré – et que je refuse encore d’accepter – est la mise à nu brutale de la fragilité des liens familiaux au cours de ce même jeu (je me retiens de vous en dire plus pour éviter tout spoiler). A noter que mon coup de coeur va au Pantalon à six jambes.
Squid Game vous malmène, c’est une série vous pousse à découvrir des facettes insoupçonnées de vous-même. Et dans les méandres de votre subconscient, vous murmure les risques que vous seriez prêt à prendre. Après tout, que leur reste-t-il, à ces joueurs, en dehors de cette arène ? Dehors, il n’y a que dettes et humiliation.
Du reste, cette confrontation directe avec notre conscience, nos failles, et nos audaces est peut-être le véritable cœur de ce drame. Gi-Hun lui-même n’a-t-il pas été malmené tout au long de la série ? N’est-il pas victime d’une manipulation insidieuse qui, au final, le broie pour lui faire comprendre que seuls les risques et l’audace comptent dans cet univers impitoyable ?
2. Une galerie de personnages variés et captivants
Même si Seong Gi-Hun (Lee Jung-jae) demeure le protagoniste principal, l’introduction de profils atypiques et nuancés comble l’effet répétitif qu’aurait pu engendrer son retour. Parmi eux, on retrouve le controversé Tanos et l’insaisissable Dae-ho, qui enrichissent considérablement l’intrigue.

Ce mélange de personnages – allant de drogués à des fonctionnaires coincés, en passant par des vendeurs de rêves – illustre que personne n’est à l’abri. Un aspect marquant de cette saison est que, contrairement à la première où les joueurs étaient tous des étrangers, certains se connaissent cette fois. Cela reflète une évolution sociétale : en trois ans, notre monde est devenu plus interconnecté, où il est presque impossible de rester anonyme. Ainsi, des contre-investissements, des membres d’une même famille, et des amis se retrouvent face à un dilemme ultime : s’affronter pour survivre.
3. Une originalité renouvelée dans les épreuves de squid game saison 2
Ce qui aurait pu condamner définitivement la série aurait été le ressassement des mêmes jeux que dans la saison précédente. Fort heureusement, les showrunners ont su éviter cet écueil en introduisant des défis plus originaux et captivants.
Certes, des classiques comme “1, 2, 3 Soleil” font leur retour, mais ils sont réinventés de manière à maintenir la tension et l’intérêt. Chaque nouvelle épreuve pousse les limites de la créativité, tout en restant fidèle au ton brutal et symbolique de la série.
Avec ces atouts, Squid Game II ne se contente pas de surfer sur la vague de son succès initial. Il propose une réflexion renouvelée sur la nature humaine, la société et les choix moraux dans un contexte où tout semble perdu. Une suite qui, sans révolutionner son concept, parvient à sublimer son propre univers.
Squid game 2 : une mosaïque d’histoires et de critiques sociales
Le squid game saison 2 commence avec des critiques sévères, de plus en plus marqués tout au long de l’intrigue. Toutes les idéologies dominantes de notre époque y passent. Si le rouge et le bleu symbolisent respectivement, et depuis longtemps, le camps des communistes et celui des libéraux, squid game y donne du sens et du contenu.
Les rouges, découvrant désormais l’envers du décors, sont prêts à tout pour mettre fin au jeu. N’est-ce pas là un parallèle avec l’anarchiste du XXème siècle qui, vexé par la décrépitude de l’appareil gouvernemental, rêve d’un État tout nouveau, centré sur l’idéalisme de la liberté et de l’égalité ?
Dans un autre ordre d’idée, on voit également la critique subtile, mais combien marquante portée à la démocratie. Comme par hasard, la solution n’aurait jamais été de voter. Et si voter est un acte délibéré, les conditions, les modalités et les finalités sont bien déterminés en avance par les organisateurs.
Car quoi qu’il arrive, et comme on l’a si clairement vu, un seul joueur est là pour changer le coup des votes, au début comme à la fin. Et l’unique but aura été de confronter les électeurs à la conséquence de leur choix : ils sont les seuls responsables de ce qui leur arrive.
Squid game saison 2 questionne également les travers de la nature humaine. Le scénario met à nu la cupidité de l’humanité, son appétit insatiable de toujours vouloir un petit peu plus. Et qui sait, si c’est par désir d’en gagner plus que la saison 2 qui aurait pu être livrée intégralement a été subdivisée en deux saison ? Ironie du sort : la série est victime de ses propres maux,
Cette série est aussi un appel à la réserve. Un appel du genre, « fais attention à qui tu dévoiles tes plans ». L’expérimenté Gi-Hun, obsédé par sa vengeance n’a pas anticipé que le dénouement qui lui paraissait déjà si acquis.
Entre innovation et continuité : la balance des genres

La question du trangenrisme apparaît tout en beauté dans les épisodes de la saison 2 squid game. Non pas sous la forme d’une critique acerbe ou d’un désaveu, mais en insistant simplement que c’est une pratique peu acceptable. Qu’un ancien sergent des forces spéciales entre en lice pour gagner de l’argent et financer ses opérations chirurgicales reste pour le moins étonnant. Mais qu’il/elle veuille à la fin se retirer de sa société pour une destination qu’elle espère plus avenante pose la question de la place des identités transsexuelles dans des sociétés aussi « occidentalisées » telle que la Corée-du-Sud.
Mais Cho Hyun-ju, même au beau milieu de sa transition, nous donne une leçon de bravoure et de courage. Je suis resté admiratif de ses talents militaires qui, si sa masculinité est rayée, eux n’ont pris aucune ride et continuent de l’animer jusqu’au bout.
Suivre squid game saison 2, c’est sonder les profondeurs de la pensée et du désir humains. Qu’est-on prêt à risquer pour assouvir son désir de gagner ? Je vous réponds tout. Tout, même sa propre mère, son enfant à naître, la vie elle-même n’étant devenue plus qu’une pièce à ajouter à sa tire-lire.